Hao n’ayant pas beaucoup d’autre attrait que de bonnes épiceries pour l’avitaillement, nous sommes partis pour Amanu les soutes pleines de victuailles, gaz, gazole, essence pour l’annexe etc… Exemples de quantités : 25 kg de farine, 8 kg de sucre, 1.5 kg de beurre frais, 3,5 kg de beurre en boite, 36 l de lait, 7 douzaines d’œufs, 100 l d’eau potable en bouteilles, 500 l d’eau douce (qu’on peut éventuellement boire grâce à notre filtre céramique), etc… Et aujourd’hui, prés de 4 semaines après les courses, on a encore de quoi tenir. Côté combustible c’est 280 litres de gazole, 80 litres d’essence, 2 grosses bouteilles de gaz. On consomme environ 1 bouteille de gaz par mois, 1.5 l d’essence par jour et le gazole ça dépend évidemment beaucoup de navigations mais le bateau est assez bien toilé et on ne fait pas beaucoup de moteur (200 h depuis le départ il y a 6 mois).
Et heureusement qu’on a cette autonomie, parce que l’épicerie d’Amanu était à peu près vide. Il faut dire que l’attention de tous les villageois était concentrée sur la préparation du mariage du maire et qu’en fait ils se débrouillent avec les ressources locales pour vivre. J’ai l’exemple d’un gars qui a vécu 4 ans en complète autonomie sur un atoll un peu plus au Nord, j’y reviendrai.
En dehors du poisson que les villageois pêchent à l’extérieur de la passe (thons) ou dans le lagon, il y a une ressource incroyable qui permet de survivre sur les atolls, c’est la noix de coco. Quand elle est encore verte, on peut la faire tomber de l’arbre avec une grande gaule. Nous utilisons une latte de rechange de grand-voile qui fait à peu près 4.5 m avec un crochet fixé au bout à l’aide de 2 colliers. On récupère l’eau qu’elle contient et qui se garde bien qques jours au frigo. Délicieux à boire frais. Notre ami Seb (d’Appel d’air) nous a appris comment récolter l’eau de coco en quantité. On débarque à terre avec la gaule, la perceuse sans fil, un entonnoir et des bombonnes de 5 litres. On fait tomber une bonne qté de cocos et il y en a un qui perce pendant que l’autre remplit les bombonnes. A raison de 0.5 à 1 litre d’eau par coco, il nous faut moins d’1/2 h pour récolter 5 l par bateau. La pulpe de coco verte se mange mais c’est assez gélatineux et on n’est pas fans. Une fois sèche, la noix de coco tombe toute seule. Il faut enlever la bourre, sorte d’écorce assez épaisse autour de la coquille. On est devenus assez bons au décorticage avec la pointe d’une pioche ou un bâton pointu planté dans le sol. Ensuite il suffit de casser la coquille. A ce stade de mûrissement il reste assez peu d’eau mais la pulpe est super bonne. Râpée on peut la mettre dans des gâteaux (Sophie fait de très bonnes galettes) ou la presser pour en extraire le lait qu’on met par exemple dans le poisson cru. Les locaux eux récoltent la pulpe en morceaux, la font sécher et la vendent à l’huilerie de Tahiti pour environ 1 euro le kg. C’est ce qu’on appelle le coprah. J’ai estimé qu’un individu peut gagner 1000 à 2000 euros par mois avec le coprah, par contre c’est physique et sur certains motus il y a plein de moustiques. L’autre ressource du cocotier, c’est son cœur. Un jeune cocotier coupé à la machette donne à peu près 2 kg de cœur excellent en salade avec du citron vert. On adore ! Rien à voir avec ceux qu’on trouve en boite chez nous.
On a passé presque 4 semaines à Amanu. Les 2 premières assez isolés, mouillés avec Appel d’Air dans le Nord du lagon. On a mis les 2 bateaux à couple pour Noël. C’était bien pratique pour les enfants pour passer d’un bateau à l’autre. Ça faisait un drôle d’effet de doubler notre espace vital. On avait un peu l’impression d’être à la marina. On avait fait un joli cocotier de Noël à bord avec des palmes décorées de boules achetées à Hao. Elise et Jean ont eu des légos qui leur faisaient bien défaut. La plupart des bateaux avec enfants en ont et ils en rêvaient. Julie et Sophie surtout des bijoux et moi un maillot de bain, un Tshirt et une casquette Hinano (la bière locale). Il tombait à pic le maillot de bain, je n’en avais plus que 2. Un peu comme si je n’avais que 2 pantalons quand je suis à la maison…
Après Noël nous sommes retournés mouiller près du village à 15 milles de notre premier mouillage. On avait une fenêtre météo pas trop mauvaise pour partir aux Gambiers le 28/12 qui finalement ne s’est pas confirmée. Et puis Seb et Cathy voulaient voir au village Adrien, un prof de kite itinérant aux Tuamotus et qui passe la saison cyclonique bien planqué dans la « marina » d’Amanu (un petit port naturel à l’intérieur du lagon. On y a passé les 3 derniers jours, on avait un peu l’impression d’être mouillés à Chausey au milieu de l’anse des Blainvillais). Adrien c’est un personnage. Il est venu de Marseille via les Antilles il y a 7 ans et il enseigne la pratique du kite aux équipages des voiliers sur différents atoll (Fakarava, Tahanea, Amanu). Il vit avec sa femme Aline sur leurs 2 bateaux. Aline est américaine, journaliste et très forte en apnée. Elle descend à 35 m et reste plus de 2 minutes à 20 m !…J’ai pris un cours de kite à foil avec Adrien. J’arrive assez bien à sortir sur la planche trainée par le zodiac mais avec l’aile il y a encore du boulot !…Sophie a pris aussi une leçon de kite et tiré qques bords. Adrien et Aline en sont à leur 2eme saison à Amanu et sont vraiment bien intégrés à la population. D’ailleurs ils vivent à peu près comme eux. C’est un peu grâce à eux (et à la météo) qu’on a pu assister au mariage du maire.
François, le maire, a 27 ans. Il est devenu il y a 6 ans le maire d’Amanu (et par la même occasion le plus jeune maire de France) en remplacement de son père perdu en mer entre Hao et Amanu. Il a 13 frères et sœurs.
Le mariage a lieu le 31/12. Le village compte un peu plus de 200 habitants et il y avait à peu près 150 invités qui ont déjà commencé à arriver plusieurs jours avant. A partir du 27/12 il y avait une cantine qui
nourrissait les invités en pension complète et elle nous était ouverte. Les habitants du village avaient pêché et congelé depuis plusieurs semaines poissons, langoustes et crabes de cocotiers et tué quelques cochons pour nourrir tout ce monde. Le maire a même envoyé Aline, Adrien et 2 gars du village sur le cata d’Aline chasser crabes et langoustes pendant qques jours sur le petit atoll de Tauere, 45 milles plus au Nord où il y en a beaucoup plus qu’à Amanu. L’atoll est pratiquement désert donc pasgrand monde pour les chasser. D’ailleurs, les 4 chasseurs ont ramené à Amanu les 2 seuls habitants de Tauere qui y étaient depuis 2 ans et n’avaient pas vu un bateau depuis 9 mois où un petit bateau à moteur étaient venus les ravitailler. Depuis à peu près 6 mois ils ne mangeaient que des noix de coco et le poisson qu’ils pêchaient. Nous qui nous trouvions assez fort sur l’autonomie avec nos ravitaillements toutes les 3ou 4 semaines!…J’ai pu discuter longuement avec l’un d’eux Xavier après le mariage, j’en reparlerai un peu plus bas.
Donc voilà, grosse logistique pour ce mariage. Le maire a aussi fait venir de Tahiti pas mal de matelas pour faire dormir tous les invités. Et un prêtre vient pour l’occasion, ce qui ne doit pas arriver souvent. L’église est très jolie. Il n’y a pas de piste d’atterrissage à Amanu, ce qui renforce un peu l’isolement de l’endroit. D’autre part la passe est trop petite pour les cargos qui doivent ravitailler depuis l’extérieur de l’atoll.
Le mariage s’est déroulé en plusieurs étapes : Tous les invités se sont d’abord rassemblés devant la maison des mariés. Il y a eu des chants et un discours en Tahitien auquel on n’a rien compris. Tout le monde est ensuite allé à la Mairie, puis à l’église catholique (religion de la mariée) et enfin à l’eglise « Sanito ». Une variante protestante dont on n’avait jamais entendu parler. Echange des consentements et des alliances à chaque fois. Vive les mariages œcuméniques, on gagne du temps !…On avait mis nos plus beaux habits. Première fois que je remettais un pantalon depuis notre arrivée en Polynésie. Pour le mariage de Pierre et Nicole en Octobre on était en paréo.
Tout ça s’est terminé par un grand banquet au milieu du village, comme dans Astérix. Les mets avaient été cuits dans un four Polynésien : On creuse un grand trou le matin, on y fait du feu sous une couche de cailloux, par-dessus laquelle on installe la nourriture et on recouvre le tout de sacs en toile de jute puis e tôles et enfin de terre. Quelques heures plus tard on exhume tout ça. C’est succulent ! Il y avait entre autres 2 cochons, un gros Napoléon et une chèvre.
Le lendemain, pour remercier on a emmené ceux qui voulaient, se baigner sur un récif au milieu du lagon avec les 4 voiliers qui avaient été invités au mariage. Le récif a la forme d’une étoile à 3 branches. Les gens d’ici l’appellent le Pito, qui signifie nombril en Polynésien. C’était super sympa. J’ai eu l’occasion de discuter avec Xavier qu’Adrien et Aline avaient ramené de Tauere. Il doit avoir environ 65 ans. Natif de Tauere où il a passé son enfance (il y avait à l’époque une vingtaine de famille) il y est revenu il y a 8 ans après une carrière d’instituteur sur différents atolls des Tuamotus. Son but initial était de faire valoir ses droits sur une bonne partie des terres de l’atolls que ses aïeux avaient revendiquées à leur époque et lui avaient transmis. Pas grand-chose d’officiel apparemment. Il pensait y aller pour un an et ça fait en fait 8 ans qu’il y est à rechercher des marques laissées sur les cocotiers en guise de bornage. Son premier séjour a duré 4 ans de 2011 à 2015. Il n’a alors été tiré de son isolement que parce que le Haut-Commissaire avait décrété une alerte cyclonique et qu’un cargo est venu le chercher pour l’évacuer. Il a rejoint le cargo à la nage à l’extérieur du lagon. Pas de passe à Tauere. Quelques mois plus tard, l’Arago (bâtiment hydrographe de la Marine Nationale) l’a ramené à Tauere. Là aussi il a débarqué à la nage accroché à des bidons étanches contenant ses affaires. Je ne sais pas comment fait l’équipage du cargo qui vient parfois chercher plusieurs tonnes de coprah. Apparemment ils font ça avec une baleinière. Ils connaissent leur boulot m’a-t-il dit. J’imagine qu’ils font comme Adrien, Aline et leurs chasseurs de crabes qui attendaient la bonne vague pour passer au dessus du récif sur une petite barque à moteur , le cata restant en mer avec une personne à bord.
La bonne fenêtre météo est enfin arrivée. Nous avons quitté la douceur d’Amanu vendredi poussés par un bon vent de Nord et devrions arriver aux Gambiers mardi.
On vous souhaite une super Année 2019 !!!
Amanu est un super joli village. L’église au bord de la passe
Zingaya et Appel d’air au mouillage au Nord du lagon.
Balade à l’océan
Cocotier de Noël
Les 2 bateaux à couple pour Noël
Festin de Noël : foie gras, beignets de mérou, etc…
Waouh, un Opinel !
Waouh, un cata en légos!
Waouh, un beau pendentif !
Ça c’est pour Noémie !
Des cocos surprise avec des bonbecs dedans !
Le cata d’Aline dans l’anse d’Amanu.
Adrien fait le taxi avec son nouveau zodiac
A la mairie
Le four polynésien
Ballade en mer avec les locaux le 01/01
La procession du mariage
François, le marié
Zingaya au fond, mouillé dans l’anse d’Amanu la veille du départ. J’ai vu 1,6 m au sondeur…
Ça fait rêver tout ça!!
Bonne année à tout l’equipage!
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Bonne Année à vous ! Bises.
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Bonne année les cousins
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Bonne Année à vous des Gambiers.
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Belle et heureuse année à vous tous bisous
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